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Maroc Marrakech
Marrakech, comme un corps vivant, dans l’écœurement des profusions à le cœur près de la bouche. Après avoir senti les pulsations de la Jamaâ El Fna, vous voilà happé ou rejeté par l'infini des méandres du système circulatoire de la médina. Les odeurs, les couleurs, les bruits se bousculent en foules serrées de touristes et de marrakchis. Les marchands vous interpellent - plisir di zioux, ci moins cher -, les chalands vous font craindre une bousculade qui n'arrive jamais, les marchandises vous font des clins d’œil permanents sous les rais de soleil qui traversent les tissus tendus. Les souks se succédent: souk Attatine, souk les Tamis qui brillent de tous leurs métaux et de leurs métiers chez nous, disparus, le souk Nejjarines qui fleure le parfum du bois, Dlala, , Smata, Zrabia, pour moi, aux noms de femmes, où s'achètent cuir, babouches et djellabas. Et j'en oublie et je tourne en rond et je m'égare dans le foisonnement des ruelles, des gens et des objets.
Mais, voilà, votre regard s'arrête, votre main se tend et le revers des marchandises, aussi bonimenteuses que les marchands, révèle leurs secrets, souvent "made in China", le souk est devenu comme ailleurs le théâtre de l'immense mascarade commerciale mondialisée.
Heureusement les mines d'or de la région, redécouvertes depuis quelques années, livrent leur liquide doré dans des flacons de cristal ou dans des bouteilles de verre aux bouchons de liège suintant. L'huile précieuse, l'huile d'argan miraculeuse, s'insinue partout , des laboratoires cosmétiques aux cuisines des restaurants. Sur la route vers Essaouira, les arganiers couvrent le sol caillouteux et les maisons luxueuses surveillent leurs troupeaux d'arbres que les chèvres ne fréquentent plus.