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Budapest-
Encore un poème d'Attila Jozsef avec une anecdote qui explique la ferveur des hongrois pour ce poéte.
En 1932, Jozsef est une fois de plus traîné en justice pour « excitation de la classe ouvrière à la haine » et « attentat à la pudeur » . Conformément à la loi, le président du tribunal lit à la cour le poème incriminé, Ceux que l'on a raflés, ode à deux communistes exécutés. L'austère magistrat commence sa lecture avec détachement. Mais sa voix s'anime et vibre de la musique de l'accusé. La lecture s'achève dans une fièvre commune qui signe l'acquittement du poète.
On dit...Je naquis un couteau dans la main. On s'étonne,
On dit que ce sont là des mots...
Puis je pris une plume : encor mieux qu'un couteau !
Je naquis pour devenir homme.
Si la fidélité errante pleure pour toi,
On dit que tu es amoureux.
Tendresse aux yeux mouillés, sans crainte enlace-moi !
Simplement, nous jouons, tous deux...
Je me souviens de tout, mais en moi tout s'efface.
On dit : Comment se peut-il faire ?
Ce qui choit de ma main, au sol qui le ramasse ?
Si ce n'est moi, c'est toi mon frère.
La terre m'emprisonne et la mer me déchire
On me dit : Un jour tu mourras...
Mais que de choses ici-bas l'on entend dire !
J'écoute mais ne réponds pas.